jeudi 6 décembre 2007

Un zoo la nuit

J'arrive à la porte du bar. Le logo, par son allure défraîchi, ne me donne aucune envie d'entrer. Ça fait "motel Plouffe" ce qui dans le langage des Jérômiens signifie "bar miteux ou t'es mieux de watcher ton derrière parce que tu sais pas quand un vieux dégueu peut te le pogner avec des mains d'une propreté douteuse". Ouais. J'arrive à la porte du bar, disais-je, et déjà, je sens que je suis de trop : accotées sur le mur près de la porte, deux petites madames maigrichonnes aux cheveux crêpés et entourées d'une aura pafumée à la nicotine me lancent un regard des plus désagréables. Je regarde mon chum, mon chum me regarde et hausse les épaules. On y va pour sa soeur qui fait une "guigue". Je n'ai donc pas le choix. Je traverse donc le mur de fumée d'une opacité impressionnante, et après m'être assurée que mes vêtements en avaient bien conservé l'odeur, je remets mon manteau à la fille du vestiaire. Pauvre elle! Ça avait l'air si difficile de sourire, j'en étais presque émue.

Dans le bar, l'ambiance est à la cruise. La seule différence avec les autres clubs de nuits que je fréquente, c'est que la moyenne d'âge des gens qui m'entourent est 40 ans. De l'entrée, on spot la soeur de mon chum et ses amies qui sont assis au fond du bar, de l'autre côté de la piste de danse. Oh malheur... Nous allons devoir traverser cette foule de femmes ménopausés et d'hommes mariés sans jonc en sueur... Je me retourne alors vers mon chéri, je vais avoir mal au coeur, c'est sûr. Aucune autre option s'offre à nous, alors, nous fonçons dans le tas.

Le mélange de parfum de madames et de monsieurs me rentrent dans les narines à la vitesse d'une formule un. Ça y est, mon système olfactif est détruit. Je me faufile entre un gros homme qui se dandine dangeureusement et une femme qui s'est dangeureusement maquillée. Ça y est, j'ai mal au coeur. Je me retrouve alors nez à nez avec une paire de seins beaucoup trop exposée... Je lève la tête à la recherche de mon amoureux. Instant de panique, je ne le vois plus!! Puis je l'aperçois : il a rejoint l'autre rive, me laissant seule dans cette attroupement...

Je suis donc seule au milieu de ces bêtes qui sentent le démon du midi à plein nez... Il ne me reste que quelques pas à franchir. De l'autre côté du champ de bataille, mon copain m'envoit la main et me fait signe de le rejoindre. Chéri! Je sais bien que l'air est plus pur où tu es... mais un de ces monstres s'est foutu devant moi, menaçant de m'étouffer avec son shaggy aussi délicat que de la laine d'acier. Je m'esquive juste à temps, j'allais me retrouver coincée entre lui et un gorille poilu dans le nez... Ouf!! Un pas de plus et j'ai réussi...

Mais je n'ai pas réussi. Je n'y suis pas arrivé à cause d'une chanson. Une chanson de Shania Twain pour être plus précis. Dès les premiers accords, toutes les madames atablées se sont levées et tel un troupeau de bison en furie, se sont lancées sur la piste de danse. Oh mon dieu! Mourir piétiner par des madames en boisson, j'aurais souhaité mieux... Je me ferme les yeux et j'attends la mort.


Je n'ai pas souffert... Mais je me suis retrouvée au milieu d'un continental. Je crois que c'est encore pire. Ça tourne d'un bord, et de l'autre, ça recule ça l'avance... À tout moment, on me coupe le chemin, on me pile sur les pieds on me coup-de-coude le dos... Agréable! 3 minutes 15 secondes de torture.


Enfin, Shania se tait et les bisons, le gorille et tout le zoo cesse leur danse infernal. À l'unisson, tous lèvent les bras dans les airs et applaudissent le CD (?!?). Et moi, victorieuse, je profite de cette pause pour me faufiler hors de cette piste de danse souillée d'hormones passé date.


Aussitôt arrivée près de mon chum, je l'enlace de toutes mes forces. Non mais, je pensais y rester! Et vous savez la première chose qu'il me dit?
"Hey, on va tu danser?"
...

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