mardi 13 avril 2010

On ne m'y prendra plus

Mise en situation.

Je m'apprête à sortir du Café Dépot de Rosemère, là où se stationner est digne d'une discipline olympique : un slalom intense entre les voitures et une lutte tout aussi intense contre soi-même pour ne pas perdre patience devant le trop peu de places disponibles. Après avoir déambulé quelques secondes dans le stationnement, je me résigne : j'ai échoué la compétition. Le Ford Explorer devant moi a pris la seule place disponible sur le podium. L'impatience me gagne et le slalom, j'en ai ma claque.

Heureusement, au Café Dépôt de Rosemère, il existe un "spot" juste l'autre côté de la 117 qui est toujours libre pour les malchanceuses comme moi qui arrivent toujours un tantinet trop tard. La mine basse, je me rends à la sortie du stationnement. Difficile de se tromper entre l'entrée et la sortie dudit stationnement: il y a des flèches jaunes fluo et des inscriptions on ne peut plus claires partout où c'est possible d'en retrouver. Et si par malheur ou par distraction, vous n'avez pas vu ces indications, il ne suffit que d'un bref coup d'oeil au sens dans lequel les voitures se stationnent pour comprendre qu'il s'agit bien d'une entrée et d'une sortie à sens unique.

Ça prend pas la tête à Papineau pour comprendre ça. Même moi, je m'y retrouve. C'est pas peu dire.



Il semble toutefois que pour une personne, une jeune femme dans une vieille bagnole couleur orange gilet de brigadier, ces inscriptions n'étaient pas assez visibles. Alors que j'attendais patiemment le passage des voitures avant de traverser la route, je la vois, la jeune femme dans la clémentine roulante, qui fait de beaux et grands gestes dignes d'une Estelle Poliquin sur le speed et qui regarde dans ma direction. Par réflexe et par incompréhension, surtout par incompréhension, je regarde autour de moi à la recherche de la personne fautive. À ma droite, pas de passager, sauf quelques CD et mon sac à main qui reposent tranquillement sur le banc. Visiblement, ce n'est pas à ces objets inanimés qu'elle s'adresse. À ma gauche, des arbustes. Quoique jolis, ces arbustes ne doivent pas être la cible des vociférations de la femme-marmelade.

Je dois me rendre à l'évidence. C'est à moi que cette moue hargneuse et cette danse de bras très expressive s'adressent. La jeune femme semble vouloir à tout prix entrer dans le stationnement à l'endroit où moi, je tente d'en sortir.

Puis, dans un vrombissement des plus désagréables, l'orange mécanique passe devant moi, pendant que la femme qui la dirige m'afflige à nouveau d'insultes insonores, mais tout de même très compréhensibles. Elle devrait devenir mime, la fille aux agrumes. Elle aurait du talent. En tout cas, plus qu'en conduite automobile.

Après cet épisode des plus cocasses, j'ai bien réfléchi, et j'en suis venu à une conclusion. Si, moi aussi, j'ai l'air de ça quand je me fâche au volant de ma petite voiture couleur tomate, eh bien, c'est terminé : on ne m'y prendra plus.

Jamais. La rage au volant, c'est laid.

Surtout en orange. Beurk.