samedi 8 mai 2010

Montréal, 6 mai 2010

Le vent.

Le vent s’est levé à Montréal aujourd’hui et du coup, Montréal s’est enlaidie. Les morceaux de vieux journaux, les mégots de cigarettes, les déchets de tous genres se sont mis à arpenter les rues comme des centaines d’étudiants pressés. Ça tournoyait d’un côté et de l’autre, ça montait haut dans les airs, puis ça retombait au sol, épuisé, comme après mille fins de session et autant de nuits blanches.

Et la danse reprenait. Encore et encore. Laide, laide danse que cette valse de détritus.

Ça m’a fait de la peine de voir cette saleté. Le soleil était beau aujourd’hui, il aurait pu me faire du bien, à moi qui suis fatiguée et qui voudrait tellement être à la maison. Mais Montréal était trop laide aujourd’hui. Ça m'a déplu.

Like, totally.

Obtenir la confirmation que Montréal n’est pas faite pour moi : CHECK

samedi 1 mai 2010

Chère petite chose


Ce message s'adresse à quelqu'un qui se reconnaîtra.

Chère petite chose,

Il y a si longtemps que j'aimerais te dire ces mots que je m'apprête à déverser sur ce papier numérique. J'ai longtemps caché mes émotions à ton égard, je t'ai épargné mes sautes d'humeur orageuses pour ne pas te faire de peine, toi qui es si petit et si fragile. Mais, aujourd'hui, c'en est assez. Cessons les fausses gentillesses. Trêve d'hypocrisie. Comme tu n'es pas très bavard, je ferai les premiers pas.

Tu es BEAUCOUP TROP petit. Tu ne me satisfaits pas.

L'ados que j'étais hier te trouvait parfait, c'est vrai. Cependant, la jeune professionnelle que je suis aujourd'hui et l'adulte que je tente de devenir ne peuvent tout simplement plus se contenter de toi. Dans la vie, tu sais, tout change. Je ne fais pas exception. Mes besoins ne sont plus les mêmes, tout comme mes ambitions et mes aspirations. J'en ai marre du petit, du misérable. Non, à la médiocrité. Ça suffit. Je veux voir grand, pour une fois. Je veux accomplir de grandes choses et pour ce faire, je dois m'entourer de grandes choses.

Je ne veux pas te blesser, mais tu vois, je n'en peux plus. Comme j'ai hâte de te laisser pantoise derrière moi, petit chose. Oh oui. Je rêve de ce jour où je te laisserai, toi, colifichet indigne de ma personne, pour du plus gros, du plus confortable, du plus coquet.

Tu es triste? Non, cesse. Je ne veux pas de ces larmes de crocodile. Oui, de crocodile, car si tu m'aimais vraiment, tu te ferais plus solide pour moi. Tu ne laisserais jamais entrer l'humidité et tu ne te couvrirais pas de champignons l'hiver venu. Et jamais, jamais, tu m'entends! tu ne laisserais s'échapper ces odeurs nauséabondes de ta tuyauterie.

Ma décision est prise, n'essaie pas de me retenir. L'été prochain, je pars. Je te quitte pour un plus gros calibre.

Je déménage.

Trois et demi, c'est trop petit pour avoir du plaisir.

mardi 13 avril 2010

On ne m'y prendra plus

Mise en situation.

Je m'apprête à sortir du Café Dépot de Rosemère, là où se stationner est digne d'une discipline olympique : un slalom intense entre les voitures et une lutte tout aussi intense contre soi-même pour ne pas perdre patience devant le trop peu de places disponibles. Après avoir déambulé quelques secondes dans le stationnement, je me résigne : j'ai échoué la compétition. Le Ford Explorer devant moi a pris la seule place disponible sur le podium. L'impatience me gagne et le slalom, j'en ai ma claque.

Heureusement, au Café Dépôt de Rosemère, il existe un "spot" juste l'autre côté de la 117 qui est toujours libre pour les malchanceuses comme moi qui arrivent toujours un tantinet trop tard. La mine basse, je me rends à la sortie du stationnement. Difficile de se tromper entre l'entrée et la sortie dudit stationnement: il y a des flèches jaunes fluo et des inscriptions on ne peut plus claires partout où c'est possible d'en retrouver. Et si par malheur ou par distraction, vous n'avez pas vu ces indications, il ne suffit que d'un bref coup d'oeil au sens dans lequel les voitures se stationnent pour comprendre qu'il s'agit bien d'une entrée et d'une sortie à sens unique.

Ça prend pas la tête à Papineau pour comprendre ça. Même moi, je m'y retrouve. C'est pas peu dire.



Il semble toutefois que pour une personne, une jeune femme dans une vieille bagnole couleur orange gilet de brigadier, ces inscriptions n'étaient pas assez visibles. Alors que j'attendais patiemment le passage des voitures avant de traverser la route, je la vois, la jeune femme dans la clémentine roulante, qui fait de beaux et grands gestes dignes d'une Estelle Poliquin sur le speed et qui regarde dans ma direction. Par réflexe et par incompréhension, surtout par incompréhension, je regarde autour de moi à la recherche de la personne fautive. À ma droite, pas de passager, sauf quelques CD et mon sac à main qui reposent tranquillement sur le banc. Visiblement, ce n'est pas à ces objets inanimés qu'elle s'adresse. À ma gauche, des arbustes. Quoique jolis, ces arbustes ne doivent pas être la cible des vociférations de la femme-marmelade.

Je dois me rendre à l'évidence. C'est à moi que cette moue hargneuse et cette danse de bras très expressive s'adressent. La jeune femme semble vouloir à tout prix entrer dans le stationnement à l'endroit où moi, je tente d'en sortir.

Puis, dans un vrombissement des plus désagréables, l'orange mécanique passe devant moi, pendant que la femme qui la dirige m'afflige à nouveau d'insultes insonores, mais tout de même très compréhensibles. Elle devrait devenir mime, la fille aux agrumes. Elle aurait du talent. En tout cas, plus qu'en conduite automobile.

Après cet épisode des plus cocasses, j'ai bien réfléchi, et j'en suis venu à une conclusion. Si, moi aussi, j'ai l'air de ça quand je me fâche au volant de ma petite voiture couleur tomate, eh bien, c'est terminé : on ne m'y prendra plus.

Jamais. La rage au volant, c'est laid.

Surtout en orange. Beurk.

vendredi 27 mars 2009

Tous les Dédés du monde

J'ai été voir Dédé à travers les brumes hier soir. Je suis encore sous le choc.

Quel film. Quel groupe. Quel homme.

Je n'ai jamais assisté à un show des Colocs, j'étais trop jeune. Je n'ai pas vécu la ferveur des souverainistes à la veille du deuxième référendum, ou à peine quelques bribes. Je me souviens des pancartes, qui ne s'en souvient pas, mais pas de l'amère déception qui a suivi l'annonce de Bernard Derome : "Radio-Canada annonce que si la tendance se maintient, l'option du NON remportera..." J'ai su beaucoup plus tard que les Colocs donnaient un spectacle au moment même de l'annonce. Je ne me souviens pas très bien de tout ça. Ce que je me souviens des Colocs, c'est les quelques chansons qu'on écoutait à la récréation en sixième année. Je me souviens aussi du premier album que ma mère a acheté quelques années plus tard. Je me souviens des vidéoclips magnifiques et teintés de l'imaginaire de Dédé, le stop motion, les décors en carton, les sans-abris dans Bonyeu...

Mais c'est tout. Je suis entrée dans la salle de projection sans savoir que j'en ressortirais avec beaucoup plus que de l'admiration pour Dédé et les Colocs. J'ai été profondément touchée.

Dans ce film, Sébastien Ricard interprète beaucoup plus qu'un artiste nommé André Fortin. Il joue un homme aux prises avec une maladie, une grave dépression. Il joue un homme en détresse, un homme suicidaire. Et ça, il le fait avec brio.

Il y a une scène dans le film, une scène qui se passe dans un chalet, l'hiver, là où les Colocs ont enregistré leur dernier album. Dédé est seul, il doit écrire. Dans la vraie vie, personne n'était là pendant les jours de solitude de Dédé, personne ne sait ce qui s'y est vraiment passé. Dans le film, on y a mis une caméra et un acteur qui a dû jouer bien plus que Dédé. L'espace d'une scène, Sébastien Ricard incarne tous les Dédés du monde : tous ces hommes et toutes ces femmes en mal de vivre, tous ces gens qui souffrent en silence, qui revivent des drames du passé, qui ont la mémoire à vif qui n'arrivent tout simplement pas à oublier.

Dédé à travers les brumes, c'est l'histoire d'un gars créatif, inventif, un auteur, un musicien, un chanteur qui se laissait bercer par le "groove" des percussions et des harmonicas. Un gars qui avait besoin de la musique pour se libérer des démons qui lui mangeaient le ventre. Un gars qui s'arrangeait pour que ça bouge le plus possible autour de lui pour oublier que ça lui bougeait pas possible en dedans.

Comme ça vous arrive parfois à vous, à moi.

Un film à voir. Pour tous les Dédés du monde.

lundi 16 mars 2009

So, so, so... so what?

Mes amis, quelle journée inutile et frustrante je viens de vivre.
J'ai fait 3 heures d'autobus et de métro, aller et retour confondus, pour un gros 30 minutes de cours. J'ai laissé mes travaux de fin de session en plan à la maison pour me rendre à l'UQÀM et me faire revirer de bord par une gang de profs armés de sifflets et de pancartes.
Si le voyage d'aller fut pénible, celui de retour le fut encore plus. Au moins 36 000 étudiants aussi revirés de bord ont décidé d'embarquer dans le même autobus que moi. Faite le calcul : chaleur + beaucoup trop de monde + position debout + grippe = étourdissement et un presque évanouissement. Je vous jure. Si j'avais de la hargne envers les professeurs avant mon départ, là, y'aurait pas fallu qu'il y en ait un en face de moi : je lui aurais vomi dessus avec une parfaite délectation.
La grève, c'est jamais très cool. Mais ce qui est encore moins cool dans la grève, c'est que c'est jamais ceux qui sont vraiment à plaindre qui la font.
Connaissez-vous Monsieur Salaire-Minimum et Madame Fond-de-tiroir? Vous ne les connaissez peut-être pas personnellement, mais vous les avez certainement déjà croisés quelque part. Monsieur Salaire-Minimum travaille 2 ou 3 jobs pour venir à bout de payer le loyer et de faire vivre sa famille. Madame Fond-de-tiroir achète ses vêtements et ceux de ses enfants au Centraide et à l'Armée du Salut. Monsieur Salaire-Minimum n'est pas abonné à Illico, ni même à Internet, mais il est abonné aux paniers de Noël qu'il va chercher chaque année, à contre-coeur. Madame Fond-de-tiroir travaille fort, même si son compte en banque n'augmente pas, et espère voir ses enfants se sortir de la misère un jour.
Monsieur Salaire-Minimum et Madame Fond-de-tiroir ne sont pas syndiqués. Ils ont choisi de travailler à la sueur de leur front parce qu'ils refusent de se faire vivre par le gouvernement. Monsieur Salaire-Minimum et Madame Fond-de-tiroir sont loin d'avoir des conditions de travail idéales, et pourtant, on ne les entend jamais chialer sur la place publique. Jamais. Ils n'ont pas le temps de faire la grève. En revanche, ceux qu'on entend chialer, ce sont les syndiqués qui font partie des travailleurs les mieux payés du Québec, les profs d'université.
Misère.
J'ai presque envie de verser une larme.
Tiens, puisqu'on est dans le thème des manifestations, je vous invite à lire l'article de Patrick Lagacé qu'on retrouvait dans La Presse aujourd'hui. Comme quoi péter des vitres et lancer du manger, ça donne pas grand-chose et surtout, ça donne pas l'air intelligent.

lundi 9 mars 2009

Le "système"



Oubliez tout ce qu'on vous a dit jusqu'à maintenant.

Oubliez les différences dites physiques et psychologiques qui distinguent hommes et femmes, oubliez l'instinct du mâle reproducteur et l'instinct maternel. Oubliez les comportements innés, les autos, les poupées... Oubliez tout ça et parlons de ménage, voulez-vous?

En 2009, je vous annonce que ce qui distingue les hommes et les femmes, c'est certainement le "système" de ménage. Je vous explique.

Samedi, 9 h. Entre deux câlins matinaux, Amoureux me dit : "Chéri, aujourd'hui, je vais faire du ménage et du lavage.
- Wow, que je lui réponds. Comme tu es gentil! Merci, patate!"

Samedi 17 h. Hé ho, hé ho, je rentre du boulot. Je sifflote en imaginant la brillance du plancher et en respirant déjà l'odeur du Hertel et du Bounce "douceur champêtre". J'ouvre la porte, et...

Déception.

Sous les piles de linge pas pliés, l'aspirateur pas rangé, la vaisselle pas essuyée, les guénilles pas mis au lavage, l'appartement semble propre, mais c'est un peu difficile à voir.

Je m'empresse alors de demander à Amoureux comment a été sa journée (???) et celui-ci de me répondre : "Ben, j'ai commencé le ménage de la salle de bain, ensuite j'ai commencé la vaisselle. Ah aussi, j'ai commencé à passer l'aspirateur, commencé à épousseter et commencé le lavage.
- Ça fait beaucoup de commencement, je trouve, lui rétorquais-je. Beaucoup de commencement, mais pas beaucoup de fin...
- Ben moi, je fais ça comme ça, qu'il me répond. C'est MON système."

Hum. Son "système". Quand un gars te sort ça, même si t'as le goût d'hurler au monde ta colère, même si t'as le goût de lui en pêter une digne de 30 dépresssives en SPM, ben tu peux rien faire. Non, tu peux pas. Si tu fais quoi que ce soit qui dénigre son "système", c'est comme si tu lui enlevais toute son "hommitude", tout ce qui fait que ton homme est un homme. Il faut respecter la (parfois douteuse...) logique masculine de l'homme. Eh oui.

Un homme, ça veut pas être rose. Un homme, même à 27 ans, ça préfère encore ressembler à G.I. Joe qu'à Ricardo Larrivée, troquant parfois le "gun" pour un chiffon.

Ouin...

Ah pis remettez-y donc le "gun". Et les vaches seront bien gardées.

samedi 23 août 2008

Ça sent le poisson

Je suis songeuse devant mon avenir. Oui, encore un de ces textes endormants mais pourtant très éveillés... Je rêve à tellement de choses. C'est drôle. Je ne sais pas plus qu'hier où je m'en vais. La destination est floue, ou plutôt multiple. Elle prend plusieurs formes, comme les nuages. Tu penses y déceler un chat, un dragon, une maison. Au fond, ça dépend de ton point de vue. Au fond, ça dépend de tes désirs et de la façon dont ils te manipulent les yeux.

Mon futur métier est un caméléon. Mon futur métier joue à la Mystique, ou à la Candice. Il se transforme au fil des jours, des rencontres, de mes humeurs. Mais je sens que de plus en plus, il y a un ultime objectif qui relie tous les points.

J'ai besoin de dire. Tout. Ou rien. Tout et rien à la fois, et parfois même rien du tout. Mais même quand j'ai rien à dire, je dois le dire quand même. J'en ai besoin, c'est tout.

Ça se dessine tranquillement sous le doute. Partant de cette ultime conviction que dans mon futur métier, je devrai parler, ça m'ouvre un tas de porte. Trop peut-être. Ça m'avance pas à grand-chose, mais ça me rapproche de quelque chose, en tout cas.

Le chemin se trace. Pour l'instant, c'est un trait dans le sable. Et la vague n'est pas loin. Ça sent le sel. Et le poisson. Ça sent la remise en question. Mais pendant cette marrée basse, cette trêve de casse-tête, je regarde mon avenir se profiler sur la plage...

et je laisse mes désirs me manipuler les yeux.