vendredi 27 mars 2009

Tous les Dédés du monde

J'ai été voir Dédé à travers les brumes hier soir. Je suis encore sous le choc.

Quel film. Quel groupe. Quel homme.

Je n'ai jamais assisté à un show des Colocs, j'étais trop jeune. Je n'ai pas vécu la ferveur des souverainistes à la veille du deuxième référendum, ou à peine quelques bribes. Je me souviens des pancartes, qui ne s'en souvient pas, mais pas de l'amère déception qui a suivi l'annonce de Bernard Derome : "Radio-Canada annonce que si la tendance se maintient, l'option du NON remportera..." J'ai su beaucoup plus tard que les Colocs donnaient un spectacle au moment même de l'annonce. Je ne me souviens pas très bien de tout ça. Ce que je me souviens des Colocs, c'est les quelques chansons qu'on écoutait à la récréation en sixième année. Je me souviens aussi du premier album que ma mère a acheté quelques années plus tard. Je me souviens des vidéoclips magnifiques et teintés de l'imaginaire de Dédé, le stop motion, les décors en carton, les sans-abris dans Bonyeu...

Mais c'est tout. Je suis entrée dans la salle de projection sans savoir que j'en ressortirais avec beaucoup plus que de l'admiration pour Dédé et les Colocs. J'ai été profondément touchée.

Dans ce film, Sébastien Ricard interprète beaucoup plus qu'un artiste nommé André Fortin. Il joue un homme aux prises avec une maladie, une grave dépression. Il joue un homme en détresse, un homme suicidaire. Et ça, il le fait avec brio.

Il y a une scène dans le film, une scène qui se passe dans un chalet, l'hiver, là où les Colocs ont enregistré leur dernier album. Dédé est seul, il doit écrire. Dans la vraie vie, personne n'était là pendant les jours de solitude de Dédé, personne ne sait ce qui s'y est vraiment passé. Dans le film, on y a mis une caméra et un acteur qui a dû jouer bien plus que Dédé. L'espace d'une scène, Sébastien Ricard incarne tous les Dédés du monde : tous ces hommes et toutes ces femmes en mal de vivre, tous ces gens qui souffrent en silence, qui revivent des drames du passé, qui ont la mémoire à vif qui n'arrivent tout simplement pas à oublier.

Dédé à travers les brumes, c'est l'histoire d'un gars créatif, inventif, un auteur, un musicien, un chanteur qui se laissait bercer par le "groove" des percussions et des harmonicas. Un gars qui avait besoin de la musique pour se libérer des démons qui lui mangeaient le ventre. Un gars qui s'arrangeait pour que ça bouge le plus possible autour de lui pour oublier que ça lui bougeait pas possible en dedans.

Comme ça vous arrive parfois à vous, à moi.

Un film à voir. Pour tous les Dédés du monde.

lundi 16 mars 2009

So, so, so... so what?

Mes amis, quelle journée inutile et frustrante je viens de vivre.
J'ai fait 3 heures d'autobus et de métro, aller et retour confondus, pour un gros 30 minutes de cours. J'ai laissé mes travaux de fin de session en plan à la maison pour me rendre à l'UQÀM et me faire revirer de bord par une gang de profs armés de sifflets et de pancartes.
Si le voyage d'aller fut pénible, celui de retour le fut encore plus. Au moins 36 000 étudiants aussi revirés de bord ont décidé d'embarquer dans le même autobus que moi. Faite le calcul : chaleur + beaucoup trop de monde + position debout + grippe = étourdissement et un presque évanouissement. Je vous jure. Si j'avais de la hargne envers les professeurs avant mon départ, là, y'aurait pas fallu qu'il y en ait un en face de moi : je lui aurais vomi dessus avec une parfaite délectation.
La grève, c'est jamais très cool. Mais ce qui est encore moins cool dans la grève, c'est que c'est jamais ceux qui sont vraiment à plaindre qui la font.
Connaissez-vous Monsieur Salaire-Minimum et Madame Fond-de-tiroir? Vous ne les connaissez peut-être pas personnellement, mais vous les avez certainement déjà croisés quelque part. Monsieur Salaire-Minimum travaille 2 ou 3 jobs pour venir à bout de payer le loyer et de faire vivre sa famille. Madame Fond-de-tiroir achète ses vêtements et ceux de ses enfants au Centraide et à l'Armée du Salut. Monsieur Salaire-Minimum n'est pas abonné à Illico, ni même à Internet, mais il est abonné aux paniers de Noël qu'il va chercher chaque année, à contre-coeur. Madame Fond-de-tiroir travaille fort, même si son compte en banque n'augmente pas, et espère voir ses enfants se sortir de la misère un jour.
Monsieur Salaire-Minimum et Madame Fond-de-tiroir ne sont pas syndiqués. Ils ont choisi de travailler à la sueur de leur front parce qu'ils refusent de se faire vivre par le gouvernement. Monsieur Salaire-Minimum et Madame Fond-de-tiroir sont loin d'avoir des conditions de travail idéales, et pourtant, on ne les entend jamais chialer sur la place publique. Jamais. Ils n'ont pas le temps de faire la grève. En revanche, ceux qu'on entend chialer, ce sont les syndiqués qui font partie des travailleurs les mieux payés du Québec, les profs d'université.
Misère.
J'ai presque envie de verser une larme.
Tiens, puisqu'on est dans le thème des manifestations, je vous invite à lire l'article de Patrick Lagacé qu'on retrouvait dans La Presse aujourd'hui. Comme quoi péter des vitres et lancer du manger, ça donne pas grand-chose et surtout, ça donne pas l'air intelligent.

lundi 9 mars 2009

Le "système"



Oubliez tout ce qu'on vous a dit jusqu'à maintenant.

Oubliez les différences dites physiques et psychologiques qui distinguent hommes et femmes, oubliez l'instinct du mâle reproducteur et l'instinct maternel. Oubliez les comportements innés, les autos, les poupées... Oubliez tout ça et parlons de ménage, voulez-vous?

En 2009, je vous annonce que ce qui distingue les hommes et les femmes, c'est certainement le "système" de ménage. Je vous explique.

Samedi, 9 h. Entre deux câlins matinaux, Amoureux me dit : "Chéri, aujourd'hui, je vais faire du ménage et du lavage.
- Wow, que je lui réponds. Comme tu es gentil! Merci, patate!"

Samedi 17 h. Hé ho, hé ho, je rentre du boulot. Je sifflote en imaginant la brillance du plancher et en respirant déjà l'odeur du Hertel et du Bounce "douceur champêtre". J'ouvre la porte, et...

Déception.

Sous les piles de linge pas pliés, l'aspirateur pas rangé, la vaisselle pas essuyée, les guénilles pas mis au lavage, l'appartement semble propre, mais c'est un peu difficile à voir.

Je m'empresse alors de demander à Amoureux comment a été sa journée (???) et celui-ci de me répondre : "Ben, j'ai commencé le ménage de la salle de bain, ensuite j'ai commencé la vaisselle. Ah aussi, j'ai commencé à passer l'aspirateur, commencé à épousseter et commencé le lavage.
- Ça fait beaucoup de commencement, je trouve, lui rétorquais-je. Beaucoup de commencement, mais pas beaucoup de fin...
- Ben moi, je fais ça comme ça, qu'il me répond. C'est MON système."

Hum. Son "système". Quand un gars te sort ça, même si t'as le goût d'hurler au monde ta colère, même si t'as le goût de lui en pêter une digne de 30 dépresssives en SPM, ben tu peux rien faire. Non, tu peux pas. Si tu fais quoi que ce soit qui dénigre son "système", c'est comme si tu lui enlevais toute son "hommitude", tout ce qui fait que ton homme est un homme. Il faut respecter la (parfois douteuse...) logique masculine de l'homme. Eh oui.

Un homme, ça veut pas être rose. Un homme, même à 27 ans, ça préfère encore ressembler à G.I. Joe qu'à Ricardo Larrivée, troquant parfois le "gun" pour un chiffon.

Ouin...

Ah pis remettez-y donc le "gun". Et les vaches seront bien gardées.